Quantcast
Channel: Notes du passé – L'Express de Madagascar
Viewing all articles
Browse latest Browse all 628

Des survivances des anciens calendriers provinciaux

$
0
0

Dans des Notes publiées dans le Bulletin de Madagascar en 1971, Jacques Dez aborde les calendriers provinciaux. Il cite à l’occasion, différents auteurs. À commencer par J.-C. Hébert qui, « dans plusieurs études bien documentées et faisant autorité », procède à l’examen d’un ensemble de données concernant les calendriers merina et provinciaux. Ceux-ci révèlent l’existence, malgré certaines divergences, d’un fond commun distinct de celui du Merina apparemment plus récent.
Ses recherches dans le Vakinan­karatra le conduisent à relever que, si le calendrier zodiacal merina est générale­ment connu et utilisé, « il existe des survivances de l’ancien calendrier ». En 1965, Alson Razafindratsito, instituteur à Ambohitompoina-Antanifotsy, lui communique des mois de l’année suivant leur dénomination locale, accompagnés de leur correspondance avec le mois du calendrier zodiacal merina.
Voici ce que cela donne : Tsimakamaka correspond à Alahamady; Makabe à Adaoro; Fosa à Adizaoza; Sakamasay à Asorotany ; Sakave à Alahasaty ; Volavita à Asombola; Saramantsina à Adimizana; Saramanitra à Alakarabo; Vatravatra à Alakaosy; Asotry à Adijady; Atsiha à Adalo; et Volasira à Alohotsy.
À un mois près- Volasira pour Alohotsy au lieu de Atsiha pour Alohotsy- « la correspondance est la même que celle indiquée par Hébert dans le Comput ancien des années malgache. À signaler également que, d’après les petits almanachs de Fanandroana donnant les rapports entre les dates du calendrier zodiacal merina et celles du calendrier grégorien, Adijady correspondait en gros à la deuxième  quinzaine de décembre 1964 et à la première quinzaine de janvier 1965 ».
De même en 1964, poursuit Jacques Dez, le pasteur Rajahonesa, en retraite à Mandoto, indique que, si le calendrier zodiacal merina est en usage, certains conservent le souvenir d’un calendrier pratiqué autrefois (« tamin’ny andro fahagola »).
Poursuivant son étude, Jacques Dez souligne la concordance entre les informations recueillies aux deux extrémités du Vakinankaratra qui est « assez curieusement» remarquable. Le témoignage du pasteur Rajohanesa est, dit-il, intéressant en ce qu’il établit qu’il y a bien eu, à une certaine époque, substitution du calendrier zodiacal à un calendrier antérieur.
Il relève aussi que, si les noms des mois confirment en gros les éléments déjà réunis par Hébert, l’ordre n’est pas rigoureusement celui de son calendrier-type. Il apparaît surtout une opposition jamais signalée : le nom de mois Hiahia disparaît et est remplacé par celui de Tsimakamaka (petit Maka) tandis qu’au nom de mois Maka est substitué le nom de Makabe (grand Maka). Par ailleurs, le nom Volambita devient Volavita, « peut-être par suite d’une attraction paronymique de volavita », terme désignant la robe de certains bœufs qui jouent un rôle important en Imerina, à l’occasion des grandes cérémonies royales.
En ce qui concerne la distinction entre les saisons, la documentation réunie pour le Vakinankaratra permet de dire que la distinction est la même que celle faite en Imerina centrale. Michel Rakotomalala, instituteur de la Mission catholique à Ankarana-Faratsiho, et Arsène Rakotovao, enseignant à Soamanandrariny-Antani­fotsy, rapportent en 1966 que le terme Valasira est connu comme synonyme de Fararano (dernières pluies).
Pour Jacques Dez, cette indication amène deux remarques. Valasira est un nom de mois du calendrier provincial, mais les renseignements relevés pour le Vakinankaratra font aussi état de l’emploi dans cette région du terme Volasira. Nulle part ailleurs à Madagascar, le terme Valasira n’est utilisé pour désigner une
saison ou entrer dans la composition d’un nom de saison.
Enfin, soucieux de mettre à la disposition des chercheurs le plus de documentations possibles, J. Dez mentionne les listes des mois recueillis en 1959 à Nosy Varika, par l’intermédiaire d’Alphonse Kolia et en 1963, à Manakara-Mora­manga. Les premiers noms viennent du Betsimisaraka du Sud, les deuxièmes sont du pays Bezanozano (région de Moramanga). Pour ces deux listes, la
correspondance des mois avec ceux du calendrier grégorien est parfaite.
Ainsi, janvier correspond respectivement à Vatravatra et Vatraoatra ; février à Asotry dans les deux cas ; de même mars se traduit par Atsia, avril par Valasira. En revanche, mai correspond à Fosa dans le Betsimisaraka du Sud et à Maka en pays bezanozano ; juin à Maka et Tsihiahia ; juillet à Tsehia et Afosa ; août à Sakasay et Sakamasay ; septembre à Sakave dans les deux listes ; pareillement pour octobre, Volambita. Novembre signifie Tsaraman­tsina et Saramantsina, et décembre correspond à Tsaramanitra et Saramanitra.
Jacques Dez : « Sous réserve de l’ordre des mois, ces deux listes  présentent avec celles réunies par J.-C. Hébert moins de différences que la liste du Vakinankaratra. »


Viewing all articles
Browse latest Browse all 628

Trending Articles