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Channel: Notes du passé – L'Express de Madagascar
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Des spécimens qui restent dans les collections particulières

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27 octobre 1894 : la rupture des relations entre le gouvernement de la reine de Madagascar et celui
de la France survient. Pourtant, Rigaud ne commence pas encore la frappe de la monnaie à l’effigie de Ranavalona III. Après la campagne militaire de 1895, il demande au ministre des Colonies d’ordonner l’exécution du contrat du 22 dé­cembre 1890, dont il devait retirer de gros bénéfices, soit de décider la résiliation du traité moyennant une indemnité à déterminer par expertise.
Le gouvernement général et le conseil d’administration de Madagascar émettent l’opinion « qu’il n’y a pas lieu d’offrir à M. Rigaud au-delà de la somme dépensée pour la gravure et la fabrication des coins de monnaie ». Ils ajoutent qu’ils ne voient aucun inconvénient à l’exécution du contrat du 22 décembre 1890, « dont le budget local retirerait un bénéfice considérable ». Selon J. et S. Chauvicourt, une telle proposition n’est susceptible d’aucun examen sérieux de la part de la France, le contrat n’intéressant que la Grande île. De surcroît, le gouvernement français ne peut consentir à retirer de l’île sa monnaie nationale pour lui substituer des pièces divisionnaires frappées par un particulier. Finalement, Rigaud renonce à ses droits en 1899, moyennant  le paiement d’une indemnité.
C’est également un particulier, le Dr Reginald Huth, qui est à l’origine de deux pièces de 37mm, qualifiées parfois de « monnaies de fantaisie ». Elles sont frappées à Londres par la firme Pinches and Co sur des métaux très variés, platine, or, argent, bronze et fer.
La première présente à l’avers le buste de face de Ranavalona III, « diadèmée » et voilée, une croix sur la poitrine, inscription « Ranavalo Manjaka 3 », grènetis. Au revers, on voit une croix potencée dans un quadrilobe orné, quatre fleurons dans les angles, légende circulaire, un croissant, le millésime « 1895 », un autre croissant, « Rabodo­nandrianimpoinimerina », grènetis, tranche striée. D’après le Bio Graphical Dicitonnary of Medallists  de Forrer, le nombre de pièces frappées s’établit ainsi : une platine, une en or, vingt-cinq en argent, une en cuivre et deux en fer, soit trente monnaies.
L’avers de la deuxième pièce est identique à celui de la première. En revanche, le revers est différent avec un écusson couronné en forme de cœur portant le millésime «1895» divisé par la lettre « R », le tout sur une rose épanouie. Cercle et légende circulaire, « Rabodonan­drianimpoinimerina » puis un rameau, « Madagascar », puis un mouton, grènetis en creux sur la tranche « Domine fac salvan regenam». Il est aussi frappé en trente exemplaires, soit une en platine, une en or, une en palladium, vingt-cinq en argent, une en bronze et une en fer.
Pour ces deux dernières pièces, le graveur exécute de la reine un portrait très soigné qui ressemble à la photographie officielle.
Après la conquête de 1895, le régime monétaire français est appliqué à la Colonie, excluant ainsi tout projet d’émission d’une monnaie spéciale malgache. Les monnaies françaises et celles des États signataires de la Convention monétaire connue sous le nom d’Union latine- Belgique, Suisse, Italie et Grèce- ont seules cours à Madagascar.
« Aucun des souverains (merina) n’était parvenu à créer une véritable monnaie nationale qui eût figuré l’indépendance de Madagascar face aux appétits des puissances coloniales de l’époque. Les différentes tentatives avaient sombré à la suite de circonstances malheureuses : décès du roi, guerres ou rivalités franco-anglaises. Le roi Radama Ier et la reine Rana­valona III ont eu toutefois la satisfaction de voir leur effigie gravée sur des échantillons monétaires et par ce moyen, leur souvenir conservé dans les médaillers des collectionneurs. »
Si l’on revient sur la monnaie coupée, la pratique semble coïncider avec l’adoption des pièces d’argent en tant que monnaie. Les « Tantara y Andriana » de Callet fournissent sur ce point quelques précisions. « Les gens autrefois ne payaient pas en argent, en cas de punition d’amende, car l’argent n’était pas aussi répandu qu’aujourd’hui. Il y en avait peu. On ignorait son usage. Ceux qui en possédaient, l’employaient pour la parure du corps, le fondaient et le travaillaient pour ne faire des bracelets et des boucles d’oreilles. Plus tard, lorsqu’il y eut beaucoup de monnaies dans le pays, nombreux furent les gens qui commencèrent à connaitre la manière d’acquérir et de vendre toutes sortes de choses. C’est alors qu’apparurent les pièces qu’on coupa et dont on fit la monnaie coupée ou brisée vakivakim-bola ou toritorim-bola ».
La tradition fait remonter l’usage de la monnaie coupée au règne d’Andriamasinavalona (1675-1710), car c’est dans la seconde moitié du XVIIe siècle que les piastres d’argent sont introduites en quantité suffisante pour pouvoir être utilisées comme monnaie. Voici ce qu’en dit en 1698 Jean Coin, capitaine du yacht « De Tamboer », qui signale l’emploi de fragments d’argent entre Malgaches. « On demande au moins 15 piastres espagnoles par tête de bétail qu’entre eux ils échangent  un petit morceau d’argent. »


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