Que sont les Vazimba par rapport aux Hova En sont-ils la souche ou non C’est un problème
d’ethnologie et d’histoire âprement débattu sous la colonisation. D’après le Pr Edouard Ralaimihoatra, à l’époque le problème se complique avec le fait qu’il existe dans l’Ouest malgache « des groupes humains primitifs qui descendraient des Vazimba de l’Imerina ou leur seraient apparentés ». Cette remarque appuyée par les vagues assertions de Drury, pousse bien des auteurs à considérer les Vazimba et les Hova comme deux races distinctes. Mais signale l’historien, l’analyse approfondie des Tantara ny Andriana eto Madagascar de Callet, conduit à penser « que la population de l’Imerina ne présente aucune discontinuité raciale depuis son origine ».
Avant de développer cette conception, l’historien cite les points faibles des thèses qui croient en la discontinuité raciale. Grandidier est l’un de ceux qui « opinent plus ou moins dans ce sens ». Il atténue son point de vue en supposant que les Hova, plus exactement les souverains de l’Imerina, sont issus de croisements entre Vazimba et Javanais. Il confirme que ces derniers sont rejetés par un naufrage sur les côtes malgaches à une époque vieille de quelques siècles, refoulés presque aussitôt dans le centre de l’île où se trouvent déjà les Vazimba.
« Rien ne laisse croire à une brutale apparition de ces naufragés javanais en Imerina, au temps d’Andriamanelo qui, selon Grandidier, serait né d’une mère vazimba et d’un père javanais. L’examen des noms vazimba et hova ne décèle aucune différence linguistique. Le nom d’Andriamanelo n’est ni plus javanais ni moins vazimba que celui d’Andrianoranorana dont l’origine purement malgache n’est l’objet d’aucune discussion. »
De plus, les généalogies fournies par les Tantara montrent qu’il y a filiation ininterrompue entre tous les souverains de l’Imerina, « depuis l’aube vazimba de l’histoire ». Quant à la langue malgache « que les Hova parlent sous sa forme la plus pure », elle implique une longue période d’évolution, « période qui ne peut avoir commencé que depuis le naufrage imaginé par Grandidier ».
Poursuivant l’évocation des différentes opinions, l’historien mentionne que les partisans de la distinction entre Vazimba et Hova sont fortement impressionnés par le changement politique qui, au XVIe siècle, est ce qu’ils considèrent comme « la substitution de l’ordre à l’anarchie ». Changement sur lequel se fonderait la disparition des Vazimba devant les Hova. Parmi eux, figurent Rusilllon puis Julien qui rapprochent les Vazimba malgaches aux Wazimba africains et attribuent aux Hova une origine orientale. Mais « le rapprochement des deux mots vazimba et wazimba est singulièrement spécieux pour démontrer l’origine africaine des premiers habitants de l’Imerina. De tout temps, le Canal de Mozambique a été une barrière maritime entre l’Afrique et Madagascar, et l’histoire témoigne abondamment que les premières installations vazimba de l’île se situent sur la côte orientale. De toute façon, si même les Vazimba et les Hova étaient deux races distinctes, Julien n’en fournit pas des preuves péremptoires et laisse inexpliquée l’apparition des Hova en Imerina ».
Le problème n’échappe pas à Malzac. Auteur du Royaume hova, il établit tout d’abord que les Hova sont les premiers immigrants malais venus à Madagascar. « Cela s’accorde parfaitement avec la linguistique et l’ethnologie. » Il croit comme Guillain que les Vazimba sont des « aborigènes ». Comme les généalogies des souverains merina comprennent des rois vazimba et hova, il rejette la distinction entre eux, « conforme en cela avec les documents de Callet ».
Toujours selon Malzac, l’époque vazimba est celle où un grand nombre de roitelets se partagent l’Imerina ; l’époque hova correspond aux premières tentatives de regroupement politique. Ainsi, les deux termes n’ont pas un sens ethnique mais historique. « Malzac a le grand mérite d’avoir saisi, à travers des textes d’un abord difficile, la coïncidence, le rapport de cause à effet entre les tentatives et la disparition du terme vazimba du vocabulaire historique pour faire place à celui de hova ». Toutefois, il ne dit pas par quel processus de langage le terme hova se substitue à celui de vazimba, « nom original de la population primitive de l’Imerina». En fait, il montre pourquoi il y a substitution, mais non comment elle s’opère.
C’est ce à quoi s’attèle le Pr Ralaimihoatra, en précisant d’emblée que toutes les opinions ne peuvent exclure, à toutes époques, la possibilité « d’un apport de sang nouveau à cette population, apport qui lui a permis d’acquérir et de développer de nouveaux caractères anthropologiques ». Les diversités physiques que présentent les Hova le prouvent d’ailleurs, et cela se réalise sans à-coup brutal.
Cependant, l’origine des Vazimba reste plus ou moins douteuse. Julien les apparente à des Noirs africains, le Hollandais Van der Steel signale sous le nom de Vazimba, une race javanaise qui, au moment de son extinction, se disperse dans l’océan Indien. Une révélation qui abonde dans le sens des idées générales sur l’origine malayo-polynésienne des Malgaches, surtout des Hova et « explique notamment l’invasion ancienne de Madagascar par les Vazimba ainsi que la maturité et l’unité de la langue, fruit d’une longue période d’évolution ».
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Continuité ou discontinuité entre Vazimba et Hova
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