MDRM ou Mouvement démocratique de la rénovation malgache. Il s’agit d’un mouvement politique malgache, légalement créé à Paris en 1946 par un Comité composé des députés Joseph Ravoahangy Andrianavalona et Joseph Raseta, ainsi que de membres en majeure partie français.
Le but du Mouvement est de lutter pour la proclamation de « Madagascar, État libre au sein de l’Union française ». Mais bientôt, le Mouvement prend une ampleur considérable dans la Grande île même, comptant plus de 600 000 membres et gagnant la sympathie de la majorité de la population. En effet, l’économie de la Colonie est au mieux, le problème politique se pose alors de façon aigüe.
Rendus très sensibles à l’évolution qui se poursuit dans le monde après la Seconde guerre mondiale- évolution qui est, du reste, tracée par la Charte de l’Atlantique et les engagements de San Francisco- les Malgaches aspirent à plus de liberté et revendiquent une participation au pouvoir, autant que possible au sommet. Une effervescence des esprits se produit, la flamme du nationalisme s’allume entretenue par le MDRM et d’autres organisations secrètes (Jina, Panama…). Les députés Ravoahangy et Raseta demandent d’ailleurs, dès juin 1946, au Parlement le « statut d’État libre associé à la France » pour leur pays.
Alors qu’on ne peut rien augurer de leur proposition de loi, une insurrection éclate le 29 mars 1947 en des points de la côte Est et du Centre malgaches. Insurrection dénommée « rébellion » par la France, dont la justice accuse les deux députés et leur parti d’en être les « fauteurs ». Ravoahangy, Raseta, leurs fervents partisans dont Jacques Rabemananjara, sont condamnés qui à mort, qui aux travaux forcés, par la Cour criminelle d’Antananarivo en octobre 1948.
La Cour de cassation de Paris maintient ce verdict en juillet 1949. Détenus les uns à Nosy Lava, les autres à Mohéli aux Comores, ils sont par la suite envoyés à Calvi, en Corse, tandis que le MDRM est dissous dès le 10 mai 1947. Graciés en 1956, ils sont ramenés au pays par le président Philibert Tsiranana.
Rébellion: c’est le terme utilisé par l’empire colonial pour qualifier ce sursaut de nationalisme chez le peuple malgache qu’en outre, il essaie de désolidariser des partisans du Mouvement. En octobre 1947, le gouverneur général Marcel de Coppet compare ces derniers à de « simples exécutants », à « d’individus fanatisés appartenant à des tribus primitives », à des « criminels insensés, des ambitieux sans scrupules qui tramaient dans l’ombre l’odieuse machination ».
Un an plus tard, le 31 mars, le haut-commissaire Pierre de Chevigné devant l’Assemblée représentative en session ordinaire, précise que « la France ne confond pas l’ensemble du peuple malgache avec les insensés qui portent la responsabilité écrasante de la vague d’anarchie et de crimes qui a pu, un moment, faire croire à certains que la civilisation ne pourrait s’enraciner et prospérer dans le sol de la Grande île… »
Tous deux tiennent les partisans du Mouvement pour responsables des milliers de morts constatés durant l’évènement. Marcel de Coppet évoque « la révolte (…) qui a coûté bien des vies humaines, des destructions et des ruines qui seront longues à relever ». Pierre de Chevigné, de son côté, affirme que « la France sait que des milliers de Malgaches sont morts assassinés, torturés souvent, parce qu’ils n’ont pas voulu se rendre complices de ce véritable attentat contre l’intérêt le plus élevé de leur Patrie, que fut la rébellion ».
Poursuivant son discours, Pierre de Chevigné, nouvellement nommé à Madagascar, souligne qu’il abordera sa tâche avec une seule préoccupation: toujours agir au mieux des intérêts de l’île et de l’Union française. « J’ignorerai et, au besoin, je sévirai contre tout ce qui pourrait y ressembler ». Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que ses opposants français installés dans l’île- auxquels font écho certains journaux métropolitains- le comparent au général Gallieni et lui précisent « qu’une œuvre de pacification n’est pas forcément une œuvre de répression, encore moins de représailles ».
Le haut-commissaire atténue ses dures paroles en affirmant que « la France sait et comprend que le peuple malgache qui veut confirmer son âme et son caractère malgache, souhaite suivre à ses côtés une route paisible et droite qui, seule, peut le mener au but qu’il ambitionne très légitimement: celui d’État librement associé à la grande communauté de l’Union française ».
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Un mouvement qui prend une ampleur considérable
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