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Channel: Notes du passé – L'Express de Madagascar
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Les dizaines de qualificatifs qui font Radama

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L’Anglais James Hastie mis à part, son fidèle ami et conseiller, le Malgache Corroller est sans doute l’une des personnes qui ont connu Radama pour avoir vécu avec lui de nombreuses années. Le prince est d’ailleurs l’un des collaborateurs principaux du roi merina. C’est ainsi qu’il laisse un écrit postérieur à 1828 et conservé par le missionnaire Ellis.
Laidama, fils et successeur d’Andrianampoinimerina, monte sur le trône de l’Imerina en 1810, à l’âge de 18 ans. Il connaîtra une mort précoce, dix-huit ans plus tard. Radama Ier, écrit Corroller, « avait environ cinq pieds français de haut (1m60). Ses membres et son corps étaient menus et petits, son visage en général était bien proportionné. Il avait le teint olivâtre, la tête ronde, la face ovale, les traits peu marqués et d’une expression généralement agréable ou souriante. Ses cheveux étaient de jais, épais et frisés. Son front n’était pas proéminent et n’avait aucun trait caractéristique à l’exception d’une cicatrice plus pâle due à une chute de cheval. Ses yeux étaient petits et pétillants avec des cils et des sourcils abondants. Il riait très fort quand il était gai, et ses joues étaient alors largement arrondies, lui donnant l’apparence d’une grande joie. Les oreilles étaient petites et avaient été percées pour permettre le port de boucles d’oreilles. Il était large et carré d’épaules, mais très mince de taille ».
Le jeune souverain est très aimable, sa conversation agréable, son esprit « subtil et rusé mais très enjoué ». Il est de caractère naturellement très curieux, aimant être informé, extrêmement fier, « fat et fougueux en public », vaniteux, despotique et si sensible à la flatterie que son peuple, à la fin, le salue comme un Dieu, « ce qu’il acceptait sans déplaisir ». Il est de tempérament espiègle, mais coléreux et facilement susceptible. C’est un très bon chasseur, un fin tireur et un majestueux cavalier surtout dans les grandes et solennelles occasions.
« Brave, intrépide et impétueux, il fut entraîné par ces qualités à commettre des actes d’une injustice et d’une cruauté horribles, parce qu’il ne pouvait supporter la moindre opposition à sa volonté soit en paroles, soit en actes. Il était si jaloux de son pouvoir absolu qu’il soupçonnait même ses généraux favoris, envers lesquels il était prodigue de son amitié, excepté quand la rigueur des lois militaires lui imposait de les punir pour des délits. Il n’aurait jamais supporté le moindre avis ou la moindre remarque sur ce qu’il avait dit ou fait, à moins qu’il les ait lui-même sollicités. »
Radama ne se serait jamais soumis à un supérieur, ni n’aurait discuté avec un rival: il aurait préféré combattre à mort, l’épée à la main. Il encourage les espions et les informateurs et souvent, il se promène déguisé dans Antananarivo pour écouter ce que son peuple dit le soir dans les maisons.
Toujours propre de sa personne, il porte fièrement des habits fastueux et prétentieux.
« Il était large dans les dépenses concernant sa vanité et son faste, bien qu’il ait été par nature avare et parfois ladre. » Lorsqu’il visite son royaume ou pendant les campagnes militaires, « il distribuait généreusement du riz, des bœufs et autre aliments ». Et quand un groupe ethnique lui rend hommage, il agit avec bonté et générosité envers lui.
Son désir dominant est d’être loué dans le monde entier. Et si en présence d’un Européen de marque, il se livre à une violente colère et s’il lui demande sérieusement: « Sire, que faites-vous  Que diront les journaux et les historiens si vous commettez de tels actes d’injustice qui terniront votre gloire à jamais  », il devient alors calme et raisonnable.
Extrêmement soupçonneux, il a peur de construire des routes menant de la côte à l’intérieur du pays pour faciliter le commerce, et redoute même d’avoir en Imerina trop d’artisans et de commerçants étrangers de peur qu’ils n’espionnent et ne facilitent la conquête de son royaume.
Durant les dernières années de sa vie, Radama s’adonne à la bonne chère et aux boissons jusqu’à l’excès, et il se livre à de multiples plaisirs nocturnes. A vrai dire, « il était si insouciant  que les débauches auxquelles il se livrait, compromettait sa santé et abrégeait sa vie ».


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