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Channel: Notes du passé – L'Express de Madagascar
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Des animaux de culte traditionnel

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Pour se préserver des influences néfastes, des maladies sinon de la mort, les Malgaches usent de plusieurs pratiques. Le bœuf y joue un rôle important. D’origine africaine, le zébu de Mada­gascar se rapproche du groupe Sanga. Selon M. Domin­joud, il est amené dans la Grande île par les Bantous avant les invasions malayo-mélanésiennes. « De vieux récits hova mentionnent les importants troupeaux que possédaient déjà, les populations primitives. »
Outre son importance économique, le bœuf malgache a une valeur religieuse. Il intervient dans les offrandes et les sacrifices aux dieux et aux ancêtres. Il est la richesse des clans pasteurs qui en font des hécatombes lors des funérailles et de l’édification des tombeaux. « Dans les temps anciens, son rôle était encore plus grand, on le servait, c’était un dieu. C’est avec ses cornes que l’on confectionne les mohara. »
C’est pourquoi des rites président à l’installation du parc à bœufs. Le jour est fixé par le devin qui immole un coq rouge, à la couleur puissante, dont le sang est répandu sur l’emplacement du futur parc. En son centre, des « ody » sont enterrés. Les uns défendront le troupeau contre les voleurs, ces fameux dahalo qui opèrent la nuit « et dont la route est éclairée par le soleil ou la roue solaire de leur tatouage ». D’autres grigris auront pour but de faire prospérer les bêtes. Certains végétaux peuvent être plantés près de la porte, entre autres, une liane très longue et enchevêtrée qui a la prospérité de faire « allonger », autrement dit multiplier, le troupeau.
Pendant les sacrifices, les bêtes sont choisies non seulement d’après leur grosseur ou la beauté de leurs cornes, mais également suivant la couleur de leur robe. Les blancs et noirs sont réservés en hommage à la puissance royale. Pour les cérémonies de « fatidra », la fraternisation par le sang, ce sont les bœufs rouges, « omby mena», que l’on préfère. Pour les exorcismes, on prendra ceux dont le pelage possède de grosses taches noires et blanches plus ou moins arrondies. En remerciement d’une grossesse, une femme fera sacrifier un bœuf. Dans les cérémonies magiques pour faire tomber la pluie, on immole une vache pleine! Le sacrifice est fait le plus souvent par le chef religieux. L’os frontal garni de cornes est déposé sur le tombeau de famille ou enfilé sur un pieu à côté de l’autel.
Le crocodile, l’hôte des fleuves et des eaux malgaches, « a été divinisé », lui aussi. Il est devenu le « grand- père », cela en souvenir « des rois défunts jetés en pâture et des chefs guerriers vaincus qui, par désespoir, se sont noyés dans les étangs et ont été dévorés par les sauriens ».
D’autres légendes se rapportent au crocodile dont le nom local est « voay » ou « mamba ». Un clan antan­droy, les Zafindravoay, assure qu’il est apparenté à cet animal car « une de leurs ancêtres aurait eu deux fils d’un crocodile ». Les membres de ce clan ne tuent jamais de crocodile et peuvent, prétendent-ils, traverser impunément les rivières les plus dangereusement infestées.
Des Malgaches préfèrent s’attirer la faveur de ces animaux en leur adressant des invocations et des prières. Des crocodiles sacrés vivent en de nombreux endroits. Les dents sont fort recherchées pour la confection des « ody ». Elles doivent être prises sur l’animal suivant des rites spéciaux. On prélève trois dents et l’extraction est faite après application sur la gencive d’une petite citrouille ou de racines brûlantes qui facilitent le déchaussement de la dent.  L’animal est ensuite libéré de ses entraves, muni aux quatre pattes d’anneaux d’argent et rendu à la liberté. « Il porte alors le nom d’ancêtre royal. »
Pour « le primitif », la maladie et la mort, si elles ne surviennent pas en raison du grand âge, sont des choses normales, procédant d’influences maléfiques. « Ce peut être le mécontentement des ancêtres, l’inobservation d’un fady, un mauvais destin, etc. » Pour ce faire, les Malgaches ont d’abord leurs talismans, puis des remèdes préparés à partir des « ody » que l’on trempe dans l’eau qui devient « fanafody », remède, et que l’autochtone boit.
Les guérisseurs utilisent, outre leurs pratiques magiques, une médication empruntée à la nature consistant principalement en infusions, décoctions de plantes ou cataplasmes. Ils emploient également des préparations d’origine animale. « Le dugong, par exemple, ce mammifère marin chassé rituellement par les pêcheurs, est utilisé pour soigner de nombreuses affections : les plaies suppurantes avec la poudre des os  de son crâne, les maux de tête et d’oreille par sa graisse, les maladies respiratoires avec sa dernière côte broyée.» Lorsque le malade se croit victime de manœuvres de sorcellerie, l’on peut faire intervenir l’exorciste.
Les maladies attribuées à la « possession » portent le nom de « tromba » ou « bilo » sur les côtes, « ramanenjana » et « salamanga » à l’intérieur des terres. « Le tromba est, en général, l’esprit d’un mort de qualité : dieu, roi, ancêtre, qui prend possession du corps d’un être physiquement affaibli par la maladie ou par les excès. La cérémonie d’expulsion de l’esprit se fait en présence de tout le village  avec chants et danses rythmés. Le malade se met à danser jusqu’à épuisement. C’est dans cet état d’inconscience qu’il répond par des mots sans suite aux questions des spectateurs et le guérisseur essaie de les interpréter. » Un bœuf est sacrifié et l’on asperge de son sang le malade et les membres de sa famille.


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