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Channel: Notes du passé – L'Express de Madagascar
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Des renseignements sur le service commercial maritime

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Avec l’arrivée de W. Robinson, consul des États-Unis nommé à Toamasina pour remplacer Finkelmeier, les relations entre les deux pays prennent un caractère plus sérieux, souligne Jean Valette, dans sa conférence du 3 décembre 1966, prononcé à l’occasion du centenaire de ces relations.
Outre sa proposition contre la « prohibition du rhum », en décembre 1881, Robinson saisit Rainilaiarivony de la création d’un hôpital à Toamasina. Il demande à la reine de concéder un terrain « qui serait laissé à son entière disposition et ne pourrait jamais être distrait de sa destination première ». Ce projet mentionne, l’archiviste-paléographe, semble avoir sombré dans la guerre franco -merina de 1883-1885.
Toutefois, dans sa lettre, le consul américain précise que « la nécessité d’une telle institution à Tamatave ne peut être niée par quiconque. Si l’on sent le besoin d’hôpitaux à Tananarive, ce besoin est encore plus impérieux à Tamatave où nous avons plus de malades en proportion de la population ». La direction de l’établissement, ouvert à tous et où les soins seraient
gratuits, devait être confiée à un Français, le Dr Peneaud, sous la responsabilité d’un conseil d’administration comprenant des ressortissants américains, français, anglais, allemands.
Mais il est aussi question de politique ou d’armes. Par lettre du 7 septembre 1881, le Premier ministre saisit Robinson de son désir d’établir des postes militaires et douaniers sur la côte Ouest. Et dès le 15 septembre, le consul américain lui fait parvenir d’utiles conseils et des suggestions pleines d’intérêt. D’après lui, « la meilleure façon d’envisager cette expédition est d’éviter la voie de terre, à travers le pays sakalava,
et d’utiliser des navires pour transporter les troupes de Tamatave à la côte Ouest ».
Il reste à trouver les navires à un prix pas trop excessif. Robinson propose diverses solutions et donne ainsi de précieux renseignements sur les navires qui assurent le service de Madagascar. Il parle d’un trois-mâts barque américain de 300 tonneaux récemment arrivé des États-Unis dans le but de créer une ligne régionale Toamasina-Nosy Be- Mahajanga-Zanzibar ; un steamer appartenant à la Maison Porter  et Aitkin de 150 tonneaux, affecté à la ligne Toamasina-Réunion-Maurice ; un autre navire à vapeur de la Maison Procter alors à Toamasina. « Après avoir expliqué au Premier ministre l’avantage qu’il retirerait de la location de ces divers navires, Robinson lui laissait le choix. »
On parle aussi d’armes. Le 10 août 1878, Robinson écrit à Rainilaiarivony qu’il lui offre, de la part de la Whitney Arms Company of Connecticut, trois fusils du dernier modèle pour infanterie et une carabine pour cavalerie. Il lui vante la qualité de ces armes, les services qu’elles rendraient à l’armée malgache, la modicité de leur prix et il lui propose de négocier un marché de 5 à 10 000 armes à feu, ainsi qu’une quantité de cartouches en rapport. Deux ans plus tard, le 25 septembre 1880, c’est l’annonce d’un nouveau envoi, de la Maison Remington cette fois, qui vient de mettre au point un fusil simple et robuste, de prix avantageux.
Mais la grande question de 1880 sera la révision du traité de 1867 que Rainilaiarivony propose dès 1876, et dont Washington admet le principe en décembre 1879, dans un sens plus libéral pour en faire « une bénédiction pour nos deux pays… en nouant plus fortement les liens d’amitié actuellement existants ». Dans une lettre à Ravoninahitriniarivo, du 21 janvier 1880, Robinson lui propose d’étudier cette révision, mais craint que les négociations soient longues. Il demande l’envoi à Toamasina de deux collaborateurs de Rainilaiarivony pour déblayer avec eux les points peu importants, car les devoirs de sa charge ne lui permettent pas de s’absenter longtemps de Toamasina.
L’accord se fait à Antananarivo, le 13 mai 1881, et Robinson, au nom des États-Unis, et Ravoninahitriniarivo, au nom de Madagascar, signent le nouveau traité. C’est un long document de 13 articles subdivisés en 89 paragraphes, le texte le plus long signé au XIXe siècle par Madagascar avec une puissance étrangère.
Chose curieuse, ce nouveau traité pourtant négocié et signé à l’initiative des États-Unis, sommeille dans les cartons du département d’État à Washington jusqu’en 1883 et n’en sort qu’à l’occasion d’un des grands évènements des relations américano-malgaches, l’ambassade malgache de 1883.


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