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Channel: Notes du passé – L'Express de Madagascar
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Une multitude de périodiques après Ranavalona Ire

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1866-2016. La presse écrite malgache compte cent cinquante ans. Quand le Teny Soa Hanalan’Andro paraît en janvier 1866, il y a juste cinq ans que Ranavalona Ire a tourné
le dos, quatre ans que les imprimeries existantes à Antananarivo fonctionnent à nouveau après une inactivité d’environ vingt-cinq ans. « Pendant cette période, les Malgaches n’avaient que la Bible à lire et encore, ils la lisaient en cachette. Nombreux d’ailleurs en furent les exemples qui avaient été saisis par les émissaires de la reine pendant la persécution », écrit en 1970 Razoaharinoro Randriamboavonjy.
Dans ces circonstances, poursuit la conservatrice de la Bibliothèque nationale, il n’est pas étonnant si le Teny Soa est le bienvenu parmi la population. La revue, publiée par la London Missionary Society, est imprimée à Imarivolanitra par John Parrett. Sa périodicité est d’abord bimestrielle, puis mensuelle à partir de 1869. C’est essentiellement une publication d’éducation et d’information religieuses, son but étant d’approfondir la connaissance de la Bible chez ses lecteurs.
Teny Soa est aussi un périodique de culture générale. On y trouve des écrits d’histoire et même des articles scientifiques. « Bref, le Teny Soa était une revue traitant de toutes les branches de la connaissance. »
À la suite de la parution de Teny Soa, les diverses missions qui existent à Madagascar, publient à leur tour, leur périodique respectif. On peut citer Resaka malagasy de la Mission catholique en 1874 ; le Mpiaro de la Mission anglicane en 1875, où l’on peut apprécier les premières traductions en malgache de la littérature étrangère (française et anglaise) de l’époque ; le Mpanolo-tsaina de la LMS en 1877 ; le Mpamangy de la Mission norvégienne en 1882 ; le Sakaizan’ny ankizy madinika devenu plus tard le Sakaizan’ny tanora en 1884.
« Le but poursuivi par ces divers journaux et périodiques en langue malgache exclusivement, était à peu près le même : c’étaient des périodiques d’éducation religieuse, d’information et de culture générale. » Outre ces différentes missions religieuses, les particuliers se mettent aussi, peu à peu, à publier leurs journaux.
La ville de Toamasina où l’imprimerie est introduite par Laisné de la Couronne dès 1879, est également un centre important du journalisme, même pendant la période précoloniale. On peut y trouver « La Cloche » et l’Opinion publique en 1881, le Ministériel et  le
Courrier de Madagascar en français et en anglais en 1891. De même, Antsiranana fait paraître, en 1894, le Clairon et l’ Avenir.
À Antananarivo, vers la même époque, naissent le Madagascar Times de Tacchi et le Madagascar New d’Harvey, tous deux ayant comme objectif de défendre la politique du gouvernement du Premier ministre Rainilaiarivony (1883-1885) dans le conflit qui le confronte aux Français. D’ailleurs, à la suite de la parution de ces deux journaux, le résident général de France publie le « Progrès de l’Imerina » et le Malagasy pour contrebalancer les opinions émises par les journaux anglais.
Razoharinoro Randriamboavonjy mentionne aussi Ny Gazety Malagasy paru en 1875, sous l’inspiration du Dr Davidson, le premier à ouvrir une école de médecine dans l’île, et du Rev. Jukes, avec Street comme rédacteur en chef. C’est un journal politique et de critique sociale « à tendance presque révolutionnaire pour l’époque », puisqu’il touche aux problèmes de la polygamie et de l’esclavage. Rainilaiarivony ne pardonne pas ces articles qui dénoncent aussi les abus commis par certains « fonctionnaires », des dignitaires de la Cour. Ny Gazety Malagasy, ne paraît qu’un an, jusqu’en juin 1876. Pourtant, c’est un journal très populaire dont le tirage atteint 1 000 exemplaires par mois.
Jusqu’en 1901, Madagascar jouit de la liberté totale de la presse. Mais à partir de cette date, le gouvernement colonial y met fin. Plus exactement, il instaure deux régimes de la presse à Madagascar. Cela dure jusqu’en 1938, date du rétablissement de la liberté de presse pour tous.
Le décret du 16 février 1901 instaure, en effet, le régime de l’autorisation préalable pour les journaux en langue malgache. Ainsi, toute personne qui veut fonder un journal ou un périodique, doit en demander l’autorisation au gouverneur général. Qui, sur avis du conseil d’administration, notifie son autorisation par arrêté. Son article premier limite la liberté accordée au journal puisqu’il interdit de s’occuper de questions politiques ou relatives à l’Administration. L’autorisation est d’ailleurs révocable.
Les journaux en langue malgache des différentes confessions, les journaux littéraires et les journaux d’opinion constituent la catégorie frappée par le décret du 16 février 1901 sur la censure.


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