Les informations sur les anciens palais du Rova d’Antananarivo sont souvent confuses. Du moins, c’est ce que dit Vincent Belrose-Huygues qui se réfère à différents textes pour étayer son étude sur le Rova, d’Andrianjaka à Radama Ier. Ce dernier roi ayant consolidé et embelli certaines cases royales de son père (lire précédente Note). Ainsi de Bevato que Radama habite du vivant d’Andrianampoinimerina et auquel il ajoutera un étage durant son règne.
Plusieurs auteurs la confondent ou la fusionnent avec Tranovola, précise-t-il, en citant les Tantara du père Callet, Ny Daty Malaza du pasteur Rabary, History of Madagascar (volume 1) d’Ellis, le Journal de Jeffreys, les Lettres de David Jones… L’auteur de l’étude, pour sa part, indique que Besakana sert d’école ainsi qu’une « autre construction plus importante, mais qui n’était pas Tranovola ». Pour lui, Bevato se rapproche de la demeure d’Ilafy attribuée à Radama II, mais « qui est très certainement l’œuvre de Louis Gros ou de ses ouvriers ».
Bevato, comme la résidence d’Ilafy, est construite en bois : « Rectangulaire avec un toit à pente assez forte et à quatre pans, elle était vraisemblablement couverte de chaume de herana. Il n’y avait pas de véranda. La construction reposait sur une assise de pierre et c’était certainement une grande nouveauté dans la construction en bois puisque la charpente n’était pas fixée par des crampons dans la pierre. Ce qui pouvait entrainer des affaissements et une forte gite de l’ensemble, ce qui est arrivé aux demeures plus récentes d’Ambohidratrimo et a peut-être provoqué la disparition de Bevato. »
Vincent Belrose-Huygues poursuit sa description par l’intérieur du palais : « Les murs du rez-de-chaussée étaient constitués de planches disposées comme dans la case Besakana, mais pour assurer la rigidité du premier étage et la tenue de l’ensemble, il fallut innover. On disposa des planches en diagonale, le procédé des ais en chevron était appliqué pour la première fois en Imerina. » L’escalier est également une nouveauté considérable, même s’il est encore mal conçu, « constitué de marches basses, placé latéralement dans une double paroi du mur et soutenu par un enchevêtrement compliqué de poutres horizontales et verticales ». Cependant, lors de la construction du palais de Soanierana (1824-1828), les charpentiers malgaches ont déjà assimilé la technique de l’escalier.
L’autre palais, Tranovola, construit presqu’au même moment que Bevato, exige plus de travaux. Car, comme son père puis les reines qui lui succèdent, Radama se doit de marquer son règne par une construction qui lui soit digne. « Le Rova nord fut aménagé par Lahidama, on y construisit la Tranovola (Maison d’argent), on l’entoura d’une palissade fermée de planches pointues comme des sagaies» (Père Callet, les Tantara, T2).
Coppalle décrit ainsi ce Lapa : « L’enclos du palais est situé sur une plateforme élevée de quatre à cinq pieds au-dessus du niveau de la rue. Le trottoir qui l’environne est construit en pierres de taille fort bien liées. » À l’époque, on n’emploie pas encore de mortier, car dès l’arrivée des artisans-missionnaires, Radama fait prospecter l’Imerina pour découvrir la pierre, mais on n’en trouve que sous Ranavalona Ire.
C’est la seconde résidence à étage d’Antananarivo. Achevée le 4 octobre 1820, elle subit des transformations après 1823 pour accueillir Rasalimo, avec une décoration faite de clochettes d’argent. Selon les Tantara, à son arrivée, la princesse est d’abord installée à Rarihasina « Pendant que Radama fait embellir Bevato où elle est emménagée.» Puis, il décide de faire de Tranovola la demeure royale et la fait aussi aménager en 1824. Un an plus tard, Coppalle note : « La maison du roi est isolée. Elle diffère de toutes les autres par sa galerie (nouvellement construite). » Quant à la première véranda circulaire, elle apparait à Andohalo, dans la maison-école du missionnaire Griffiths.
Sans citer les autres changements apportés dans la construction par Radama, un constat s’impose : « Il suffit de l’introduction de la colle, de la scie, peut-être des clous, de quelques outils et de la présence d’une poignée de Blancs, dont les compétences techniques n’avaient rien d‘extraordinaires, pour déclencher une irréversible mutation architecturale. »
Texte : Pela Ravalitera - Photo : Agence nationale Taratra