Dans son étude sur la population tananarivienne en 1968, Gerald Donque souligne que l’appartenance à une religion complique la structure sociale et joue un rôle non négligeable dans le choix de l’époux (se). Du moins il y a un demi-siècle.
« Une majorité d’Andriana est de religion protestante pour avoir suivi la reine (Ranavalona II) lors de sa conversion. » Néanmoins, aussi bien chez les Andriana que dans les autres castes, le catholicisme a gagné du terrain. En fait, la population tananarivienne constitue une « mosaïque religieuse» et la religion peut encore constituer en son sein une barrière infranchissable dans le mariage, après le critère de caste.
Autres facteurs de différenciation des Tananariviens: le genre et le niveau de vie, le degré d’instruction, l’état de fortune ou la profession. Distinctions qui ne modifient pas toutefois l’interdit qui peut frapper une caste en matière de mariage, tout en introduisant en son sein une nouvelle hiérarchie. Celle-ci est « calquée sur celle des pays occidentaux d’économie développée », et fait distinguer une classe supérieure riche ou aisée, une classe moyenne et une classe pauvre.
En général, de par leur origine et les privilèges qui s’y rattachent, Andriana et Hova ont pu acquérir ou faire acquérir à leurs descendants un niveau économique bien supérieur, en général, à celui des Andevo. Ils ont pu leur donner une instruction à l’européenne leur permettant
d’accéder aux fonctions de cadres publics ou privés. Ce que, sauf exception, les descendants d’Andevo n’ont pu faire malgré la volonté des gouvernants d’abolir toute distinction d’ordre racial, ethnique, religieux, social…
Par ailleurs, comme la ville est née sur la colline d’Analamanga qui est le centre d’Antananarivo, la capitale s’abaisse de part et d’autre du Rova des rois et des reines. Au sud, celui-ci se termine brutalement par les falaises d’Ambohipotsy, « belvédère d’où la vue porte jusqu’aux premiers contreforts de l’Ankaratra ». Au nord, la descente se fait par deux paliers, Andohalo puis Ambohijatovo.
De ce dernier palier, un dédoublement et une divergence de la ligne des hauteurs s’opèrent. Une branche s’abaisse progressivement vers le nord, entrecoupée de ressauts formant autant de mamelons (Ambatovinaky, Ambatonakanga, Antaninarenina, Isotry). Une seconde, plus
régulière et plus continue, constitue l’échine de Faravohitra. Entre les deux, le vallon d’Analakely qui s’élargit vers le nord, dans les actuels quartiers de Tsaralalàna et d’Antanimena.
À l’est, un étroit vallon court du sud au nord, formé par les quartiers d’Ambanidia, d’Ankadivato, d’Ampandrana, tandis qu’à l’ouest commence la grande plaine du Betsimitatatra après
un dernier ressaut de colline: Ambohijanahary. Au pied de celui-ci s’étale depuis Radama Ier le lac Anosy qu’entourent des étendues à l’origine marécageuse (Mahamasina, Ampefiloha, 67ha). Tout cela est alors relié par des sentiers et escaliers.
Sous la colonisation, on assiste au percement de véritables voies carrossables à l’intérieur de la ville, au drainage et au terrassement du vallon d’Analakely, suivi de la création d’un nouveau quartier destiné à abriter le Zoma et qui deviendra le pôle commercial de la cité.
Grâce à tous ces travaux, l’agglomération s’étend vers le nord (Tsaralalàna, Antanimena) et vers l’ouest (Mahamasina). Les petits hameaux périphériques reliés par des routes, se rejoignent tandis que la ville qui s’étend au bord des axes routiers, atteint les faubourgs populeux, les villages ruraux qui s’urbanisent. Ce qui nécessite le percement des tunnels Garbit et d’Ambanidia.
Texte : Pela Ravalitera – Photo : Agence nationale Taratra