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Channel: Notes du passé – L'Express de Madagascar
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Le roi est mort, terreur dans la ville

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Dans les « Nouvelles annales des voyage et des sciences géographiques », de juillet-septembre 1829, on lit la traduction de notes écrites à Antananarivo par le missionnaire de la London Missionary Society, G. Bennet. Le texte parle de la mort du roi Radama Ier, le dimanche 27 juillet 1828. Décès  « qui fut caché jusqu’au vendredi suivant (soit le 1er août) à tout le monde, excepté à une douzaine de personnes qui se trouvaient dans le palais ».
Quand la triste nouvelle se répand, c’est alors la crainte et la consternation générale dans la ville qui est littéralement encombrée de chefs et de gens venus de plusieurs territoires voisins. On remarque aussi une troupe nombreuse de militaires campés autour de la ville. On apprend également que deux Tsimandoa, esclaves du souverain, et leurs deux chefs, très proches de lui, sont tués à coups de lance pour avoir exprimé le « vœu royal » de faire de sa fille Raketaka et de son neveu Rakotobe ses successeurs au trône. La purge commence.
Des détachements de soldats sont placés autour de toutes les maisons des missionnaires. Mais pour les délivrer de leurs craintes, les principaux chefs militaires et les officiers leur assurent de leur estime et de leur disposition à les protéger. « Toutefois, ces démonstrations ne pouvaient tranquilliser les Européens; car nous entendions à chaque instant dire tout bas, ou nous apprenions par des signes que les personnes les plus estimables et les plus instruites avaient été assassinées. C’était le règne de la terreur et des soupçons. » Personne ne peut sortir de la ville que lorsque la reine en donne la permission. « Je restai ainsi prisonnier jusqu’au 20 août malgré mes demandes pressantes. »  Car aux requêtes du Rev. Bennet, elle se contente de répondre: « Je suis maîtresse du jour où vous pourrez sortir de Tananarive. »
Trois jours après l’annonce de la mort de Radama, le lundi 4 août, il se tient un grand Kabary sur la place d’Andohalo. Viennent à cette grande réunion populaire 25 000 à 30 000 personnes, issues des six subdivisions de l’Imerina: Avaradrano, Vakinisisaony, Marovatana, Ambodirano, Vonizongo et Vakinankaratra. Deux compagnies de soldats très bien habillés en uniformes anglais, armés et complètement équipés, sont rangées en ligne derrière les juges. Sur une partie du terrain plus haute, sont placées cinq petites pièces de campagne chargées et entourées d’artilleurs.
Après la confirmation de la mort du roi, le grand juge indique que ce dernier n’ayant laissé aucun fils ni désigné son successeur, la princesse Ramavo, sa principale épouse, lui succèdera. « Pendant quelque temps de grands murmures de mécontentement se firent entendre dans l’assemblée de telle sorte que nous craignîmes les conséquences; mais la tranquillité se rétablit. »
Il semble même que les chefs des six territoires reprochent à voix haute à l’entourage de Radama d’avoir négligé de les prévenir de la maladie du roi et de ne pas avoir appelé les missionnaires pour lui donner des médicaments, comme ils l’ont déjà fait une fois.
À la fin de ce Kabary, il est rappelé que conformément à l’usage du pays, en signe de deuil tout habitant du royaume, quel que soit son âge, doit se raser les cheveux ou les couper à ras de la tête dans les trois prochains jours, sinon il sera condamné à mort; que personne ne doit travailler hormis ceux qui érigent la tombe et fabriquent le cercueil; que personne ne doit coucher dans son lit, mais à même le sol durant le deuil; que nulle femme, quelle que soit son rang à l’exception de la reine, ne peut porter le lamba.
« L’ordre de couper les cheveux causa de grandes lamentations parmi les hommes et les femmes; car une belle chevelure noire, tressée d’une manière particulière et avec un travail infini, était leur délice et leur orgueil. »

Texte : Pela Ravalitera – Photo : Mission norvégienne


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