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Channel: Notes du passé – L'Express de Madagascar
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Les divisions de la piastre sous la royauté

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ÀMadagascar, comme dans tout pays, la protection pénale de la monnaie est primordiale. Et cela ne date pas de la colonisation ou de 1960, puisque à la suite de l’accession à l’Indépendance, la Grande île recouvre son droit d’émettre sa monnaie nationale. Bien que la monarchie merina semble ne pas avoir une monnaie propre malgré quelques essais, le législateur traditionnel se préoccupe de réglementer la circulation des monnaies. Les « Tantara ny Andriana eto Madagascar » du R.P. Callet, énumère et donne les noms des divisions de la piastre sous le règne d’Andrianampoinimerina.
La piastre pleine, monnaie de base, est l’ariary; la moitié est un loso ; le tiers, sasanangy ; le quart, kirobo ; le 5e, iraimbilanja (moins un varienimbety); le 6e, venty ; le 7e, lasitelo (un peu moins) ; le 8e, sikajy ; le 9e, sikajy (moins eranambatry) ; le 10e, lasiroa (un demi-voamena plus un double voamena) ; le 12e, roavoamena ; le 16e, lasiray (un demi-voamena et un voamena) ; le 32e, voamena ; le 48e, ilavoamena ; le 72e, eranambatry… Le voamena est la base de la petite monnaie. La moitié est l’ilavoamena; le tiers, eranambatry; le quart, varifitoventy…
Le Code des 305 articles de Ranavalona II prévoit des dispositions précises qui protègent la monnaie. Le crime de fabrication de fausse monnaie est prévu par l’article 9. Cela est déjà indiqué dans le Code  de Rasoherina et dans le premier Code de Ranavalona II, celui des 101 articles. « Ceux qui extraient de l’or, de l’argent, des diamants ou battent monnaie seront mis aux fers pendant vingt ans ». Henri Raharijaona, magistrat, commente en 1966, que le législateur mêle « curieusement » dans la même disposition l’interdiction d’extraire des métaux précieux et de « battre monnaie » c’est-à-dire de fabriquer de la fausse monnaie.
L’article 160 du Code des 305 articles réprime le refus d’accepter ou d’échanger des pièces en circulation au taux légal. « Les piastres quelles qu’elles soient- ngita, tanamasoandro, tsangan’olona, tokazo, malamakely, behatoka ou tombitsisina- doivent être acceptées au même taux et échangées de même, du moment qu’elles sont de bon aloi. Si le change diminue pour l’une d’elles, il diminuera également pour toutes, et il en sera de même si le change monte ; ceux qui ne se confirment pas à la présente loi seront punis d’une amende d’un bœuf et d’une piastre et, s’ils ne peuvent payer, mis en prison à raison d’un sikajy par jour jusqu’à concurrence du montant de l’amende » (traduction Julien).
Léon Ozoux, dans l’édition commentée du Code des 305 articles, donne quelques explications sur les pièces de monnaie. D’après lui, « les premières pièces de monnaie connues à Madagascar furent les piastres espagnoles, dites dispaina, corruption d’Espagne, et les piastres mexicaines aujourd’hui totalement disparues de la circulation. L’usage s’étant maintenu de désigner par le mot piastre la pièce de 5 francs, nous avons cru devoir nous-mêmes le conserver dans le cours de cet ouvrage ».
« Ngita » : ce mot signifie crépu, laineux, enchevêtré : « Il servait à désigner les piastres espagnoles sur lesquelles les armes de ce pays sont représentées avec une richesse de détails qui constitue un véritable enchevêtrement. » « Tanamasoandro » ou rayons de soleil : « Ce mot désignait les piastres mexicaines sur lesquelles est représenté un bonnet phrygien avec la devise Libertad et une auréole de rayons de soleil. » « Tsangan’olona » est le nom des pièces françaises de 5 francs « avec le groupe allégorique représentant la Liberté, l’Égalité, et la Fraternité des IIe et IIIe Républiques », de là le nom donné à la pièce : « tsanga » (debout) « olona » (personne).
« Tokazo » sert à désigner les piastres de la République bolivienne présentant d’un côté le profil de Bolivar, de l’autre un arbre et deux lames, d’où le mot « tokazo » signifiant touffe d’arbres. « Malamakely » de « malama » (poli, potiné, usé), et de « kely » (un peu, petit). « Ce terme désignait les piastres françaises de la Ire République et de Napoléaon Ier toutes remarquables par l’usure qui les caractérisait et aussi leur peu d’épaisseur. » « Behatoka» de « be » (gros, beaucoup) et « hatoka» (nuque) :
Ce mot désignait les pièces de Louis XVIII et de Charles V, rois auxquels les Malgaches attribuaient, d’après l’effigie qu’ils en voyaient, une forte nuque. « Tombotsisina », de « tomboka » (empreinte) et « sisina » (bord) désigne toutes les piastres de l’Union latine, dont l’exergue est marqué en creux au lieu d’être en relief.
« À cette liste, on  ajouta plus tard les piastres Mandrihavia, de mandry (couché) havia (côté gauche) désignant les pièces de Louis-Philippe, lequel ne présente en effet que le côté droit du visage et paraît, par conséquent, couché sur l’autre de Napoléon III ; ou Volamadio, de vola (piastre) et madio (propre, net). Les pièces de Napoléon III portaient aussi le nom d’Ampongabe (grosse caisse), les indigènes comparant à cet instrument de musique les armes de l’empire qui étaient sur le côté pile de la pièce. »
Enfin, les « Volavavy » ou piastres à la femme désignent les pièces représentant la tête de la République française avec la couronne d’épis de blé, le bandeau à l’inscription Concorde qui sont  frappés sous les IIe et IIIe  Républiques. Les pièces italiennes de Victor-Emmanuel portent le nom de « Tranom-pitaratra », maison de verre, parce que les armes de la Maison de Savoie ressemblent à un panneau vitré.


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