Les Malgaches, ont leurs propres instruments de musique, mais ils sont en nombre restreint comme le spécifient certains connaisseurs, à l’instar de Marie-Robert Rason, organiste, maitre de chapelle de la cathédrale d’Antananarivo dans les années 1950. Dans la catégorie des instruments à vent, ils citent la « sodina », une sorte de flûte, et la conque marine ; en guise d’instruments à cordes, il y a le « lokanga voatavo » et la « valiha » bien qu’il semble que celle-ci soit d’origine asiatique ; et dans les instruments à percussion, il y a le « lamako », le « hazolahy », le tambour et la grosse caisse.
La « sodina » est encore aujourd’hui, un instrument très répandu dans toute l’ile, mais elle est surtout en honneur chez les Betsileo et les Sakalava. Elle consiste en un roseau long d’environ 30 à 40cm, ouvert aux deux extrémités et percé de huit trous qui correspondent aux huit notes de la gamme. Elle diffère de la flûte européenne en ce qu’elle n’a pas de trou
latéral formant embouchure et qu’elle est ouverte aux deux bouts. « Pour en jouer, l’artiste enfle la joue gauche, entoure presque entièrement des lèvres un bout de tuyau pour ne laisser à découvert qu’un tout petit intervalle par où pénètre le souffle. Le joueur de sodina obtient toujours auprès des Européens, un succès de rire autant par la bizarrerie des sons qu’il tire que par la déformation de son visage. »
La conque marine est tout simplement un gros coquillage percé à bout. Il est un instrument fort en vogue et joue le rôle de cloche. Le son rauque et lugubre qui en sort, s’entend très loin. « Prolongé, il annonce un évènement heureux, court et précipité, une calamité
quelconque, incendie ou inondation. »
Le « lokanga voatavo » ou violon malgache se compose de trois cordes en raphia fortement roulées et fixées aux deux bouts d’une planche de 2cm de large sur 40 à 45 cm de long. L’une des extrémités de la planchette porte une moitié de calebasse bien séchée qui sert de caisse de résonance. « À vide, les trois cordes donnent la dominante comme basse et comme médium, la tonique et la médiante. » Pour obtenir les notes intermédiaires, il faut appuyer les doigts de la main gauche sur les cordes. Point d’archet, car le « lokanga voatavo» se joue « exclusivement pizzicato » avec la main droite. Ce n’est pas un instrument parfait, mais « les récits pittoresques que le joueur de lokanga voatavo chante en s’accompagnant, lui valent auprès des auditeurs de francs succès ».
La « valiha » est aux Malgaches, selon Marie-Robert Rason, ce que la guitare est aux Espagnols. C’est l’instrument malgache le plus répandu. Il consiste en un gros bambou qu’il faut aller chercher très loin, dans les grandes forêts. En général, il a 5 à 8cm de diamètre et 1m20 à 1m50 de long. Les nœuds doivent être distants de 40 à 60 cm pour former la table d’harmonie. Les deux cloisons intérieures conservées à cet effet, arrêtent les fibres espacées d’un centimètre environ, que l’on incise avec un couteau dans le sens de la longueur. Ces fibres seront les cordes qui devront vibrer. Elles sont retenues par une liane (vahy) fine mais très solide, enroulée cinq à six fois aux deux extrémités. Pour obtenir l’échelle musicale, des pièces de citrouille, sèches et rectangulaires, servent de chevalets mobiles. De cette façon, l’accord de l’instrument est facile.
« La valiha doit se jouer appuyée sur une malle vide ou sur une caisse pour que le son naturellement faible et grêle ait plus de profondeur et d’ampleur. » Vers la moitié du siècle dernier, beaucoup de Malgaches substituent aux fibres de bambou des cordes de mandoline ou de guitare. « Il y en a qui sont arrivés à fabriquer une sorte de cithare dont la sonorité est évidemment supérieure à celle de la valiha. »
Le « lamako », mâchoires à bœuf, est surtout utilisé par les veilleurs de nuit de la Reine en Imerina, pour accompagner leurs chants pendant que tous dorment. Le bruit produit par le heurt de ces mâchoires l’une contre l’autre, invite au sommeil. « Le lamako n’existe plus de nos jours. »
L’instrument à percussion purement malgache est le « hazolahy ». C’est un tronc de bois creusé dont les deux bouts sont couverts de peaux de bœufs. On bat cet instrument des deux côtés soit avec un morceau de bois soit avec la main. « Le son en est aigu. »
Enfin, le tambour (« langoraony ») et la grosse caisse (« ampongabe ») se font de la même manière que ceux d’Europe, mais beaucoup plus grossièrement. « La peau qui sert à leur fabrication est celle du mouton ou de la chèvre. Employé dans presque toutes les fêtes, il est devenu banal. »
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Des instruments de musique d’origine malgache
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