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Channel: Notes du passé – L'Express de Madagascar
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Hippolyte Laroche, un résident général « trop faible »

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Le dernier résident général français, Hippolyte Laroche, a fort à faire avec les insurgés Menalamba pendant les quelques mois de 1896 qu’il passe dans la Grande île. La bande de Rainibetsimisaraka, cantonnée entre Ambositra et Behaindry, inquiète cette région depuis longtemps et intercepte fréquemment la route d’Antananarivo à Ambositra pour, dit-il, « pratiquer les vols à main armée contre les porteurs de bagages ». Puis il apprend que Rainibetsimisaraka s’attaque à Antsirabe et livre la ville aux flammes. Si les missionnaires norvégiens en sont absents, en revanche leurs femmes et leurs enfants au nombre de 19, ainsi que deux vieillards y sont restés.
Outre les coupures de lignes télégraphiques, les raids des brigands de grand chemin, ceux qu’il appelle les « Fahavalo » (ennemis) saccagent sinon brûlent les édifices cultuels qui, pour eux, symbolisent la culture des Blancs par excellence. En quelques mois, 115 églises et chapelles catholiques, 67 pour les Luthériens norvégiens et 382 pour toutes les confessions protestantes confondues, sont détruites. Les seuls établissements épargnés par les flammes sont ceux qui ont une toiture incombustible.
Les attentats des Menalamba, de plus en plus nombreux, rendent nerveux beaucoup de personnes, surtout les Européens. « Même le général Voyron, sans oser m’accuser de faiblesse, m’a déclaré sur un ton de reproche que s’il était le maître ici, il ferait sur l’heure arrêter et mettre en prison la reine et ses ministres. Auparavant, il m’a déjà parlé de l’opportunité de faire fusiller les ministres. »
Hippolyte Laroche se met d’ailleurs à critiquer le commandant en chef des troupes de pacification à Madagascar qui, précise-t-il, accepte toutes les hypothèses présentées par le nouveau et jeune chef des services secrets militaires. En un mot, il doute de l’impartialité du général Voyron. Il cite l’exemple de l’hésitation de ce dernier à envoyer quelques hommes à 30km de la capitale, à Ankadimanga, où des villageois sans armes ont brûlé vifs huit officiers royaux. « En toute franchise, je crois que le général Voyron, vieux guerrier intègre mais usé, n’est pas à la hauteur de sa mission. »
Pourtant, la « faiblesse » du résident général est souligné par les Européens quand il critique la
« tendance à charger les Malgaches, à tort et à travers, de tous les crimes d’Israël, à les chasser des fonctions politiques, à fonder notre règne sur  la terreur militaire ». De quoi, souligne-t-il, exaspérer la population.
La répression « sanglante » infligée aux bandes d’Antsirabe- ou présumées comme telles- a pour conséquence de développer l’insurrection dans les régions d’Antananarivo. Elle est caractérisée par l’incendie d’un grand nombre d’édifices cultuels et d’écoles toutes tenues par des missionnaires à l’époque, par l’apparition de bandes rebelles de tous côtés et, surtout, par le meurtre de plusieurs Français dans des localités où n’existe aucune garnison.. « Il est assez remarquable que cette recrudescence s’est manifestée précisément dans la région du Nord où une colonne de l’armée active commandée par l’énergique colonel Combes, a été maintenu d’avril à juin. »
Cette présence est source de divergence entre le résident général et le général Voyron. Le premier estime que les opérations sont inutiles et ont l’inconvénient de priver la périphérie de la capitale de 700 fusils. Le second rétorque qu’un intérêt stratégique- « dont il est le meilleur juge »- exige ces opérations tout le temps que c’est nécessaire. Ils finissent par s’entendre : Hippolyte Laroche y décrète l’état de siège et le général Voyron y applique en toute liberté le système qu’il juge meilleur.
Un autre cas où les deux responsables français se heurtent, se situe à 50 km au nord-Est d’Antananarivo (à 25km d’Ankeramadinika), dans la bande forestière qui limite de ce côté le plateau de l’Imerina. Un chantier y est établi d’où le service des travaux publics tire son bois de charpente. Deux entrepreneurs Rigal et Barthélémy Savonyan, aidés de deux surveillants, Emery et Colin y font travailler des bûcherons malgaches
Le 7 juin, Savonyan se dirige vers Antanana­rivo, n’ayant que trois porteurs pour son filanjana et espérant recruter le quatrième en chemin. Parvenu à mi-distance entre la forêt et Isoavina, il est attaqué par les rebelles et « probablement tué » avec deux de ses porteurs dont on a retrouvé les cadavres. Le troisième réussit à s’échapper. Le lendemain, une cinquantaine de « Fahavalo » assaillent les trois derniers Européens restés dans la forêt. Grâce à leurs fusils, ils peuvent s’enfuir vers l’Ouest, se réfugient dans une maison du village d’Ambohimiadana où ils sont assiégés: Emery est tué d’une balle, tandis que les deux autres peuvent à nouveau s’enfuir. Mais ils sont rejoints en rase campagne et succombent sous le nombre.
Le problème est que, à la demande du résident général, le général Voyron consent à placer à Isoavina une cinquantaine d’hommes, mais les retire jugeant le danger passé!


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