Il arrive que les Notes citent des noms autres que les plus connus de l’Histoire nationale. C’est le cas de certaines femmes, comme Ralesoka, Rabodonandriantompo et Ratavanandriana. Pourtant, Andrianampoinimerina les intègre dans le clan noble des Izimianadahiavy. Car le souverain décrète que les rois seront choisis parmi leurs descendants. Ce qui sera fait jusqu’à la fin de la royauté.
Ralesoka est la sœur d’Andrianampoinimerina, épouse de Rabasivalo, fils d’Andriantsimitovizafinitrimo. Le roi place ce dernier à Ambohibeloma. N’ayant aucun enfant, elle adopte Laidama, fils de son frère, et Rabodonandrianampoinimerina ou Ramavo, fille de Rabodonandriantompo. Les deux parents les marient, annonçant déjà qu’ils se succèderont sur le trône.
Rabodonandriantompo est la fille d’une cousine d’Andrianampoinimerina, femme d’Andriantsalamamanjaka, également fils d’Andriantsimitovizafinitrimo. Le roi le place à Ambatomanoina. Elle enfante de Razafianaka- il est l’un de ceux que Radama Ier met à mort, selon la tradition, lorsqu’il monte sur le trône-, de Ramavo, future Ranavalona Ire- ce qui explique la vengeance de celle-ci quand, à son tour, elle hérite de son mari-, de Rafaramanjaka, mère de Rabodo, future Rasoherina, de Ramasindrazana, mère de Ramoma, future Ranavalona II, ainsi que de Ravalosaha
qu’Andrianampoinimerina exile en Imamo. Rabodonandriantompo a également quatre fils.
Ratavanandriana, sœur de la précédente, est aussi l’épouse de son mari. L’une de ses filles devient aussi, sur l’ordre d’Andrianampoinimerina, une des femmes de son fils Radama. Mais comme elle est quelque peu frivole, relate le RP Callet (« Ny Tantara ny Andriana eto Madagascar »), le roi l’écarte et déclare que lorsqu’elle aura un enfant, il ne sera pas héritier légitime du roi (tsy misampy). Ce qui arrive plus tard, quand Andrianampoinimerina aura tourné le dos et l’enfant est appelé Ratsimisampy.
Mais qui sont ces Izimianadahiavy, autrement appelés Izimirahalahy-Mianadahiavy Ils font partie des Zazamarolahy. Ce clan élevé de la noblesse merina regroupe les descendants des souverains, rois et reines, leurs frères, leurs sœurs, leurs cousins et cousines. Y figurent aussi les douze épouses d’Andrianampoinimerina. Évidemment, seul l’un d’eux monte sur le trône à chaque fois. Et dès que les cérémonies de son avènement sont achevées, les autres membres de sa famille restent dans le clan, le nouveau souverain ayant en eux un appui très fort qui permettra de stabiliser son règne.
Quand ils sont trop nombreux avec le nombre croissant des enfants et des petits-enfants, certains rejoignent les rangs des Zazamarolahy s’ils reconnaissent la légitimité du roi. Ceci est d’ailleurs recommandé, explique un informateur cité par le père Callet. « Quand un nouveau roi ou une nouvelle reine monte sur le trône, il fait exécuter des membres du clan qu’il considère comme ses rivaux et ennemis, une menace pour la stabilité de son règne.» De plus, les proches du roi qui tourne le dos, déchoient de leur rang pour laisser la place à ceux du nouveau souverain. L’informateur donne un exemple : « Du règne de Radama, les Izimianadahiavy sont surtout constitués de la famille Rasoananahary. Quand Rabodonandrianampoinimerina monte sur le trône sous le nom de Ranavalona Ire, elle les déchoit pour les remplacer par ses proches parents. Pire, leurs rangs sont disséminés par des exécutions, des règlements de compte.»
Si, par malheur, les Izimianadahiavy de la famille du prince régnant sont tous décédés, on en choisit parmi Zazamarolahy, parmi les « enfants des aînés, fils des douze femmes » qui reconnaissent la légitimité du souverain.
Les Izimianadahiavy ont un statut particulier codifié par Andrianampoinimerina qui les distingue des Zazamarolahy même s’ils en font partie. « La distinction est d’importance car les Izimianadahiavy sont vénérés pour régner, les Zazamarolahy sont astreints à reconnaître leur légitimité. » Toutefois, « les princes vénérés ne sont pas nobles, les princes qui vénèrent ne sont pas esclaves », comme le précise un adage très utilisé dans les kabary de l’époque. Ainsi quand a lieu un partage des droits, par exemple, sur les propriétés royales, avec les douze femmes, ils en reçoivent les deux-tiers, le tiers allant aux Zazamarolahy.
Ils diffèrent aussi par le fait que les Izimianadahiavy n’ont pas fief, résidant sur les collines sacrées propriétés royales (menabe) où jadis règnent leurs ancêtres qui reconnaissent par la suite, le roi de l’Imerina. Et même s’ils vivent séparés, autour d’Antananarivo, ils sont les seuls à recevoir du souverain chaque année, une part du
« prix de la vie » exigé à certains condamnés, car « c’est parmi eux que sera choisi le prochain roi».
Dans les salutations officielles, l’ordre protocolaire exige que leur titre suive directement celui du souverain. Enfin, si le prince héritier n’est pas digne de monter sur le trône, il peut être supplanté par un membre du clan des Izimianadahiavy qui n’est peut-être pas son proche parent.
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Un statut bien particulier pour les Izimianadahiavy
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