Quantcast
Channel: Notes du passé – L'Express de Madagascar
Viewing all articles
Browse latest Browse all 628

Petite promenade dans le calme d’Anatirova

$
0
0

«V isible de tous les points de l’horizon et découpant sur le ciel la silhouette de ses divers bâtiments, le Palais de la Reine se découvre aux yeux du voyageur, bien avant que se distingue la masse confuse et rouge de Tananarive. Haut perché sur la plus haute des trois collines de l’Iarivo de jadis, dominant la ville toute entière, sa lourde masse grise et ses quatre tours carrées montent leur garde vigilante et immuable sur les plaines, sur les rizières et sur les monts qui encerclent la région de l’Imerina. »
Les Notes empruntent un texte d’Urbain-Faurec pour nous guider dans le Rova d’Antananarivo, l’Anatirova, tel qu’il se présente en 1952, environ deux siècles après Andrianampoinimerina. « Des sentiers presque inaccessibles, des rampes abruptes y conduisent du bas de la nouvelle cité, à travers l’enchevêtrement confus de jardins en terrasses et de maisons disposées de guingois qui forment la ville ancienne. » Émergeant de la verdure, le Palais de la Reine se dresse majestueusement. Par-delà quelques marches, « une sorte  d’arc de triomphe, porte monumentale que l’étiquette ancienne voulait que l’on franchît du pied droit », en commande seule l’entrée. Un aigle de bronze aux ailes déployées, emblème de la dynastie, la survole.
Au début du XVIIe siècle, Andrianjaka, fils et successeur de Ralambo qui règne sur Alasora et Ambohidrabiby, entreprend la conquête d’Alamanga ou Analamanga sur les Vazimba, ses premiers habitants. Victorieux, Andrianjaka fait aussitôt déboiser et dénuder le plateau et l’entoure de pierres. Puis, « il fit construire deux grandes cases dont les traces de l’une, Besakana, subsistent encore au milieu du XXe siècle ». Et cédant à l’impérieux devoir du culte des ancêtres, il désigne l’emplacement des tombeaux où sont conservés ses restes et ceux de ses descendants : le premier Rova d’Antananarivo est créé.
À la fin du XIXe siècle, début de la colonisation, il est constitué d’un ensemble de petits palais, de pavillons et de monuments disparates puisque chaque souverain semble avoir à cœur de laisser trace de son règne par une construction nouvelle.
Un mur d’enceinte, construit par Ranavalona Ire lors de son avènement, écroulé par endroits et à d’autres, encore surmontés d’énormes pieux de la défense, entoure tout le Rova. La grande cour
d’honneur, jadis toute plantée d’arbres et ornée de parterres est depuis, vide et nue.
« Seul le côté ouest qui surplombe la ville, est longé d’une belle allée de ficus au feuillage toujours verdoyant. À gauche deux pagodons de bois peinturlurés de rose et de vert et surélevés sur un large socle de maçonnerie, dominent la cour : ce sont les tombeaux des Rois et des Reines qui assurèrent la dynastie hova.» Tout près de la nécropole, dans le calme d’un jardin fleuri, s’alignent, surmontés de modestes pavillons, sept tombeaux contenant les restes d’Andrianjaka et de ses descendants.
Au fond de la cour d’honneur, se dresse la monumentale construction du Grand Palais. Manjakamiadana- qui règne dans la tranquillité ou dans le bonheur- est construit par Jean Laborde en 1839 pour Ranavalona Ire, sur l’emplacement exact de la première habitation d’Andria­nampoinimerina, Felatanambola (aux paumes d’argent) ainsi appelée en raison d’une main d’argent sculptée qui en orne le toit. La construction primitive tout en bois de Manjakamiadana, est revêtu de pierres sous Ranava­lona II, en 1869, par l’Anglais Cameron.
À droite du Grand Palais, près de la nécropole, s’élève la Trano­vola, Palais d’argent. Le premier édifice bâti à cet emplacement est l’œuvre de Louis Gros (Legros) sur commande de Radama Ier, pour sa femme Rasalimo. L’édifice qui existe en 1952, est reconstruit en 1845 par Ranavalona Ire pour son fils, Rakoto devenu Radama II. Près de la Tranovola, un emplacement vide marque la place de la case où, le 11 mai 1863, ce dernier est mis à mort à la suite d’une conjuration de palais.
Sous un arbre, quelques marches de pierres servent d’estrade aux reines pour monter en filanjana.
« Des escaliers multiples, des couloirs surélevés et entourés de balustrades de pierre font communiquer entre elles les vérandas des différents bâtiments et mènent à une large terrasse qui domine le côté est de la ville et sur laquelle s’élève le Manampisoa (surcroît de beauté) », demeure de Rasoherina, bâti en 1866 par l’Anglais Pool.
Face à ce pavillon, subsistent les traces d’un kiosque construit pour Ranavalona III. Lors du bombardement qui contraint la royauté à capituler devant les troupes françaises, la frêle habitation est gravement atteinte et doit être démolie. « Et tout près, gisent inachevées les importantes fondations commencées par l’architecte Rigaud, d’un palais Masoandro pour la même reine dont la déchéance arrêta les travaux. »
Les Notes reviendront plus en détail sur ces différentes cons­tructions.


Viewing all articles
Browse latest Browse all 628

Trending Articles