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Channel: Notes du passé – L'Express de Madagascar
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Des rites funéraires répartis entre les castes et les clans

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Le cercueil et les funérailles d’un souverain en Imerina, comme dans tout Madagascar, ne peuvent être comme ceux des simples sujets, même pas comme ceux des autres nobles. « Seul le corps du roi (ou de la reine) peut être déposé dans un cercueil d’argent en forme de pirogue » (G. Lejamble extrait de l’étude sur  Les fondements du pouvoir royal en Imerina , paru dans le Bulletin de Madagascar, avril 1972).
À partir d’Andrianam-poinimerina, la pirogue est d’argent, car avant lui, les rois sont, à l’instar des autres nobles, placés dans un cercueil d’ « ambora », espèce de bois imputrescible. Le grand monarque décide de consacrer à la confection du sien, toutes les pièces d’argent du
« hasina » qui sont conservées dans une caisse déposée dans sa propre case.
Dès que le souverain tourne le dos, une série de contraintes s’impose à toutes les couches de la population. Notamment d’avoir la tête rasée
pendant la durée du deuil
(un an pourAndrianam­poinimerina), de porter le lamba sous les aisselles, de ne pas le laver non plus que le visage et les pieds, de marcher courbé, de ne pas se coucher sur un lit, de ne pas travailler pendant trois jours, de ne pas commettre un adultère, etc.
Chacune des six provinces de l’Imerina doivent en outre fournir des linceuls (lambamena). Ce sont, rappelons-le, l’Avaradrano, le Vakini­sisaony, le Marovatana, l’Ambodirano, le Vonizongo et le Vakinankaratra.
Le corps du roi est exposé dans une maison consacrée, sous un catafalque, pendant plusieurs jours (une semaine pour Andria­­nampoinimerina). « Des délégations de chaque province campent autour de la ville dont les femmes et les enfants viennent chaque jour veiller le corps et pleurer, tandis que les hommes tirent des coups de fusil. Le nouveau souverain fait abattre des centaines de bœufs pris sur le troupeau royal chaque jour, pour nourrir cette foule », 25 000 pour Ranavalona Ire selon Lejamble.
Lorsque le tombeau est prêt à recevoir la dépouille royale, c’est-à-dire lorsque l’on a déposé sur le pavage du tombeau un revêtement de bois d’ « ambora » et par-dessus, une couche de charbon de bois, on y fait entrer la pirogue d’argent. « Il semble qu’il y ait des variantes à ce sujet et que certains souverains, tels Radama Ier, furent descendus au tombeau après le dépôt du cercueil. D’autres étaient déjà dans le cercueil au moment de la descente. »
Quoiqu’il en soit, on attend le coucher du soleil pour « cacher » le corps et la mise au tombeau se fait à la lueur des torches. En même temps, on fait exploser un canon dont les morceaux sont enterrés sur place. La foule se prosterne, le visage contre le sol. Le successeur du roi défunt n’assiste pas à l’inhumation, mais il revient aussitôt pour ordonner les conditions du deuil et le
« tampi-masoandro ». C’est une cérémonie qui consiste à sacrifier un bœuf noir dont les morceaux sont partagés entre les membres de la famille royale, certains hauts personnages et les serviteurs royaux.
Le nouveau souverain fait ensuite distribuer, une nouvelle fois, des bœufs à la population avant que chacun ne rentre chez soi, y reste et se purifie pour ablution dans quatre coins du lamba.
« Ce qu’il y a de remarquable dans tous ces rites des funérailles royales, c’est que les différents rôles sont répartis coutumièrement entre les classes nobiliaires et les clans. » Les Zazamaro­lahy et les Andriamasi­navalona tressent les nattes sur lesquelles s’accroupissent les veilleurs du corps. Les Andrian­teloray confectionnent la pirogue d’argent. Les Zanakahiarivo construisent le tombeau. Les Talasora (d’Alasora) introduisent le corps dans le cercueil et celui-ci au tombeau. Les Tahiamanan­goana couvrent le tombeau de terre rouge, etc.
Certains travaux restent interdits pendant toute la durée du deuil, tels que le travail du fer, la confection de poteries, le tissage, le filage, etc.
Par ailleurs, toutes les femmes en bonne santé sont tenues de venir pleurer auprès du tombeau tous les quinze jours ou tous les mois selon la distance.
À l’expiration du deuil, le roi ou la reine doit apparaitre solennellement à ses sujets, après l’exécution de trois rites : la purification dans l’Ikopa, le
« tendroilo » ou onction de la tête à la graisse de bœuf, déjà pratiqué à l’occasion du premier
« tampi-masoandro ». Mais autant les devoirs rendus au souverain défunt revêtent un aspect religieux, autant la prise par le nouveau roi de ses fonctions, a un caractère plus directement politique.
Enfin, ce dernier a trois actes à accomplir, simultanément ou non : la visite aux lieux saints d’Ambohi­manga, le renouvellement des liens entre le peuple et le roi, l’élimination des adversaires effectifs ou potentiels.


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