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Channel: Notes du passé – L'Express de Madagascar
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Des exportations aux fortunes diverses

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Peuple insulaire, les Malgaches ne peuvent pas rester insensibles au conseil de sagesse de l’Ecclésiaste, écrit en 1962, M. Ralaidovy, directeur adjoint des affaires économiques : « Jette ton pain sur la face des eaux, car avec le temps, tu le retrouveras. » Bien avant l’ère coloniale, Madagascar exporte ses produits.
L’économiste évoque certaines opinions qui estiment que le pays d’Ophir où Salomon envoie chercher de l’or n’est autre que la Grande île. Elle est même repérée par l’astronome grec Ptolémée au IIe siècle car, de tout temps, commerçants arabes et indiens fréquentent nos côtes.  Mais c’est à la fin du XVe siècle que l’île est découverte par les marins portugais en route vers l’Extrême-Orient, à la recherche des fameuses épices. Plus tard, les Français de la Compagnie des Indes orientales essaient d’implanter des comptoirs sur ses côtes. « Et lorsque le pays s’éveilla et fut conscient de sa destinée, nos derniers rois et reines avaient passé divers traités et accords commerciaux avec un certain nombre d’États européens et américains.»
À la veille de la colonisation, les exportations malgaches sont presque insignifiantes, puis atteignent 129 000 tonnes en 1921, le chiffre record de 302 000 tonnes étant enregistré en 1924.
Depuis, « elles ont connu des fortunes diverses, le blocus de la deuxième guerre les ayant même fait descendre jusqu’à 28 000 tonnes en 1942 ». Durant les dix dernières années précédant l’Indépendance, elles ne cessent d’augmenter pour culminer à 282 000 tonnes en 1958.
À partir de 1960, Madagascar est maître de son destin, « il dépend de ses fils de tirer le meilleur parti possible de ses exportations ». Pays essentiellement agricole, Madagascar tire 65% de son revenu national de l’agriculture, et 90% du volume de ses exportations sont composés par des produits agricoles qui rapportent en 1958 plus de 19 milliards d’argent frais, dont 12,5 milliards reviennent aux producteurs. Les exportations sont pratiquement libres, surtout à destination de la Zone franc. Les seuls contrôles exercés portent sur les produits de base qui bénéficient d’un système de soutien ou de stabilisation des prix, tels le café, le girofle, la vanille, le riz, le tapioca, etc.
Depuis de longues années, le café occupe la première place parmi les produits de base que Madagascar exporte et entre 1950 et 1960, 30 000 à 5 000 tonnes en sont exportés par an. Mais déjà, on craint la surproduction  mondiale.
« Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, deux faits significatifs ont marqué l’évolution de la production mondiale du café. Le premier (…) a été la rapide expansion de la production mondiale qui est passé d’environ 1,7 tonne vers la fin de la guerre à 3,5 millions de tonnes en 1959-1960. Le second a été constitué par des modifications intervenues dans la répartition géographique de la production. » Les cours subissent le contrecoup de cette surproduction et cet effondrement des cours aggrave le déficit de la balance commerciale tout en réduisant le revenu des producteurs qui se découragent.
Madagascar peut y faire face néanmoins, grâce à la caisse de stabilisation du café dont l’action est rendue possible par la conclusion des accords de Washington, par l’organisation interafricaine du café et par l’organisation du marché de la Zone franc.
Par ailleurs, outre le riz qui trouve difficilement à se placer sur les marchés étrangers à cause de la concurrence de la Birmanie, du Viêt-Nam, de la Thaïlande et de l’Égypte, les exportations de la vanille dépendent à la fois de la production et de la consommation. « Si l’on considère les exportations de vanille depuis 1950, on remarque une première période de fléchissement du tonnage exporté (580 tonnes en 1950 et 243 tonnes en 1954)  puis une remontée (437 tonnes en 1958) puis encore une chute en 1960 (270 tonnes). » En revanche, la valeur totale des exportations ne cesse de croître.
Le quatrième produit exporté est le girofle, plus précisément les clous de girofle. Mais en 1960, un problème particulier se pose à Zanzibar qui en est, avec Madagascar, le principal producteur et qui est gêné par la surproduction sur plusieurs années successives. Pour une meilleure organisation du marché, la Grande île doit stocker 2 500 tonnes de clous de girofle en 1961.
D’ailleurs, dans l’île, les productions de clous de girofle se présentent en dents de scie. « Une année de bonne récolte est presque toujours suivie d’une ou de deux années de faible production. Par exemple,
3 480 tonnes en 1951, 138 tonnes en 1952 ; 6 900 tonnes en 1953, 1 000 en 1954… » Les principaux clients sont la France (461 tonnes en 1961), les États-Unis avec 447 tonnes, l’Algérie (243 tonnes), le Maroc (161 tonnes), l’Allemagne fédérale (144 tonnes), l’URSS (90 tonnes) et surtout l’Indonésie.
Enfin, 20 à 30 autres produits intéressent les uns aussi bien que les autres, l’économie malgache, notamment  les oléagineux et le pois du Cap qui s’écoulent sans difficulté.


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